Les principales difficultés auxquelles j’ai été exposée sont évidemment la langue, le dépaysement culturel et la différence de fonctionnement du système. Le problème de la langue (l’accent américain, les expressions idiomatiques, le « slang » -l’argot-) se règle avec la pratique. Assister aux cours et avoir une vie sociale règlent ce problème, mais cela prend du temps. On ne maîtrise jamais complètement la langue, et même après neuf mois aux Etats-Unis, je suis capable de me débrouiller et de me faire comprendre mais je bute toujours sur des phrases. Il m’arrive souvent de chercher encore mes mots.
Le dépaysement culturel se mesure à différents niveaux. Il inclut la langue. Il est important pendant les premiers mois mais ne s’estompe jamais vraiment. Je ne cesse de découvrir des choses qui me plaisent plus ou moins à propos de la société américaine. C’est tout d’abord une société très conservatrice, les gens ne s’offusquent pas de discuter de l’interdiction de l’avortement, de la peine de mort, de l’opportunité de la guerre en Irak ou de la légitimité d’employer la force (militaires, minutemen aux frontières) face à l’immigration illégale. Il est également difficile de s’acclimater à l’architecture des villes, surtout dans cette partie des Etats-Unis. Elles n’ont absolument rien à voir avec nos villes européennes, qui ont une « taille humaine». L’échelle ici étant la voiture, toutes les distances sont plus longues, et tout est agencé en fonction de l’automobile (béton partout, drive through, étalement urbain, routes larges et difficiles à traverser…). Ce qui rend l’espace urbain extrêmement hostile au piéton.
Les relations avec les gens semblent d’emblée faciles car pour beaucoup d’entre eux l’anglais n’est pas la première langue. Cependant, comme je l’ai évoqué plus haut, ce n’est qu’une courtoisie de façade, et des mots que nous utiliserions avec sincérité en France ne sont ici employés que par pure politesse (par exemple « See you later » n’implique pas forcément que l’on va revoir la personne). Ainsi, on ressent une certaine solitude même si on est entouré par beaucoup de gens, car si l’amitié peut paraître forte à un moment donné, on s’aperçoit que le jour suivant c’est comme si on n’était que de simples voisins.
Le strict respect de la loi et les fréquents contrôles d’identité (interdiction de rentrer dans un bar pour les moins de 21 ans) sont également difficiles à admettre dans un premier temps. En effet, les Américains sont très rigoureux face à la loi qu’ils considèrent presque comme « parole divine ». Il n’y a pas de remise en question. Les gens acceptent docilement voire béatement ce que certains Français pourraient considérer comme humiliant ou comme une atteinte à leur droits individuels.
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