L'Arizona a récemment fait la une de l'actualité en passant une loi controversée sur l'immigration. Mais cette mesure est l'arbre qui cache la forêt. Petit tour d'horizon.
Il y a tout d'abord une loi votée en avril permettant à n'importe quelle personne majeure de porter une arme dissimulée. La gouverneur de l'Etat Jane Brewer estime que cette nouvelle mesure respecte strictement le deuxième amendement de la constitution américaine qui garantit le port d'arme à ses citoyens. La loi est sans conteste une victoire parmi les partisans d'organisations telle que la NRA. Elle permet en effet à toute personne âgée de plus de 21 ans (qui ne soit pas auteur de crimes graves "convicted felons") de porter une arme sans vérification du casier judiciaire ni entrainement préalable. De surcroit, les personnes sont autorisées à dissimuler leur arme et non pas à l'exposer au public, comme la plupart des Etats les y oblige. Cela créé une ambiance de défiance - ou de respect, selon les partisans de la loi - ou n'importe qui dans la rue est potentiellement armé.
Dans la lignée de la loi votée pour lutter contrer l'immigration illégale, une autre loi s'attaque aux études ethniques chicanos enseignées en Arizona. Ces études se concentrent sur la culture, l'histoire, la politique des "Chicanos", ces Latinos qui vivent aux Etats-Unis, surtout d'origine mexicaine. Mais l'équivalent du ministre de l'éducation local estime que ces cours sont racistes et promeuvent la haine des Etats-Unis. Il est vrai que des photos de Karl Marx, Che Guevara et le leader des droits civiques mexicain-américain César Chavez trônent dans l'une des classe de littérature de l'université de Tucson. Une vague gauchiste qui n'est pas pour plaire à l'un des Etats de l'Union les plus conservateurs à l'heure actuelle.
Dans le domaine de la santé, l'Arizona estime que la réforme de Barack Obama empiète sur les prérogatives des Etats et s'est engagé, aux côtés de 14 autres Etats, à porter l'affaire en justice. Côté IVG, l'Arizona se place parmi les endroits les plus conservateurs du pays, forçant les femmes qui souhaitent procéder à une IVG à écouter une description du foetus par un médecin, ce dernier doit aussi les informer des responsabilités financières du père de l'enfant, si elles décident de le garder. Les femmes doivent de surcroit patienter pendant une "période réflexive" de 24 heures avant d'être autorisées à procéder à une IVG.
Côté recherche médicale, l'Arizona est en passe de signer une loi qui empêche la création "d'hybrides animalo-humains" (sic). L'idée est d'interdire le clonage humain et la recherche embryonnaire. Les opposants à la loi pointent la tentative des conservateurs d'élever l'embryon au rang de personne humaine dès sa conception (alors qu'il reçoit cette qualité à six mois), remettant ainsi en question la légalité de l'IVG et le très célèbre jugement Roe vs. Wade. Les biologistes de l'Etat regrettent une loi rétrograde qui met des bâtons dans les roues de la recherche sur les cellules souche notamment.
Le meilleur pour la fin :
La "birther bill", ou "loi de naissance", requiert à tout candidat à la présidentielle de présenter un certificat de naissance afin de pouvoir présenter sa candidature en Arizona. Cette loi fait suite au très conservateur "birther movement" qui avait traversé les Etats-Unis au sujet de la véritable nationalité de Barack Obama. Plusieurs Etats, mettant en doute la citoyenneté américaine du président, ont essayé de passer une mesure similaire, seule l'Arizona l'a fait.
L'Arizona ne passe pas à l'heure d'été comme 49 des autres Etats américains. "Les Arizoniens aiment à dire en plaisantant que cette histoire d'heure d'été est une conspiration communiste", souligne Howard Fischer, un journaliste local sur NPR. "En réalité, il fait déjà tellement chaud ici que personne ne veut une heure supplémentaire de soleil!".
Journaliste multimédia installée aux Etats-Unis, je couvre l'actualité américaine au sens large pour Marianne, L'Humanité Dimanche, Lemonde.fr et quelques autres. Ce blog est le reflet de mes observations sur le terrain. I am a multimedia journalist based in the U.S. I cover the news for French outlets such as Marianne, L'Humanité Dimanche or Lemonde.fr among others. Here you will find my observations and pictures around my reporting.
jeudi, mai 20, 2010
lundi, mai 10, 2010
"Je n'aurais jamais pensé voir ça aux Etats-Unis"
Je suis allée faire un tour au sein d'une clinique un peu particulière à Los Angeles. Tous les soins, essentiellement dentaires, gynéco et ophtalmo, sont gratuits. Près de 7000 personnes sont venues, et beaucoup d'autres sont restées sur le carreau, faute de temps et de moyen. Cette clinique, appelée Remote Medical Area, a investi une salle omnisports en plein centre de la ville. Autant dire que le contraste est flagrant, et l'un des docteurs bénévoles le résume bien "je n'aurais jamais pensé voir ça aux Etats-Unis".
Pour voir le portfolio sonore en grand format, cliquer ici.
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jeudi, mai 06, 2010
4 millions de citoyens américains privés du droit de vote
Aux Etats-Unis, la loi est claire : être l’auteur d’un crime grave revient à perdre son droit de vote. Aujourd’hui, environ 4 millions d’Américains sont privés du droit de vote car ils ont commis une felony, c’est-à-dire soit une agression grave, un vol, la possession ou le trafic de stupéfiants, un meurtre ou un viol. Cette loi, qui existe depuis près de deux siècles, est débattue à Washington.
Le Congrès américain évalue la possibilité d’abolir ce que beaucoup perçoivent comme un châtiment injuste et dépassé. En effet, ces quatre millions de personnes sont privées du droit de vote alors qu’elles ont déjà effectué leur peine. Plus troublant : elles impactent considérablement les Noirs américains puisque 13% de l’ensemble de cette population ne peut pas voter à cause de cette loi.
La suppression du droit de vote accordée aux anciens criminels date de l’après Guerre de Sécession. L’objectif était de limiter la capacité des esclaves noirs récemment libérés à voter. Avec 1 noir sur 8 privé du droit de vote aujourd’hui, les objectifs sont étrangement atteints, 150 ans plus tard.
“Interdire aux anciens criminels de voter alors qu’ils ont payé leur dû, c’est continuer à les considérer comme des criminels, à les tenir à l’écart d’une société à laquelle au contraire ils devraient se joindre”, expliquait le New York Times dans son éditorial du 22 mars dernier.
Faux! Répond Hans von Spakovsky, du think tank conservateur The Heritage Foundation : “la prison n’est pas la seule manière dont un criminel doit payer sa dette à la société pour avoir enfreint la loi et tué, blessé ou mis en danger ses compatriotes.”
Le débat est lancé mais pourrait prendre du temps. Les lois de suppression du droit de vote sont gérées par les Etats, et chaque Etat a sa politique en la matière. Les plus strictes en la matière sont les Etats du Deep South, alors que d’autres, comme ceux autour des Grands Lacs et du Nord-Est, redonnent le droit de vote aux criminels, une fois leur peine effectuée.
Le Congrès américain évalue la possibilité d’abolir ce que beaucoup perçoivent comme un châtiment injuste et dépassé. En effet, ces quatre millions de personnes sont privées du droit de vote alors qu’elles ont déjà effectué leur peine. Plus troublant : elles impactent considérablement les Noirs américains puisque 13% de l’ensemble de cette population ne peut pas voter à cause de cette loi.
La suppression du droit de vote accordée aux anciens criminels date de l’après Guerre de Sécession. L’objectif était de limiter la capacité des esclaves noirs récemment libérés à voter. Avec 1 noir sur 8 privé du droit de vote aujourd’hui, les objectifs sont étrangement atteints, 150 ans plus tard.
“Interdire aux anciens criminels de voter alors qu’ils ont payé leur dû, c’est continuer à les considérer comme des criminels, à les tenir à l’écart d’une société à laquelle au contraire ils devraient se joindre”, expliquait le New York Times dans son éditorial du 22 mars dernier.
Faux! Répond Hans von Spakovsky, du think tank conservateur The Heritage Foundation : “la prison n’est pas la seule manière dont un criminel doit payer sa dette à la société pour avoir enfreint la loi et tué, blessé ou mis en danger ses compatriotes.”
Le débat est lancé mais pourrait prendre du temps. Les lois de suppression du droit de vote sont gérées par les Etats, et chaque Etat a sa politique en la matière. Les plus strictes en la matière sont les Etats du Deep South, alors que d’autres, comme ceux autour des Grands Lacs et du Nord-Est, redonnent le droit de vote aux criminels, une fois leur peine effectuée.
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