jeudi, mai 20, 2010

Arizona loca

L'Arizona a récemment fait la une de l'actualité en passant une loi controversée sur l'immigration. Mais cette mesure est l'arbre qui cache la forêt. Petit tour d'horizon.


Il y a tout d'abord une loi votée en avril permettant à n'importe quelle personne majeure de porter une arme dissimulée. La gouverneur de l'Etat Jane Brewer estime que cette nouvelle mesure respecte strictement le deuxième amendement de la constitution américaine qui garantit le port d'arme à ses citoyens. La loi est sans conteste une victoire parmi les partisans d'organisations telle que la NRA. Elle permet en effet à toute personne âgée de plus de 21 ans (qui ne soit pas auteur de crimes graves "convicted felons") de porter une arme sans vérification du casier judiciaire ni entrainement préalable. De surcroit, les personnes sont autorisées à dissimuler leur arme et non pas à l'exposer au public, comme la plupart des Etats les y oblige. Cela créé une ambiance de défiance - ou de respect, selon les partisans de la loi - ou n'importe qui dans la rue est potentiellement armé.


Dans la lignée de la loi votée pour lutter contrer l'immigration illégale, une autre loi s'attaque aux études ethniques chicanos enseignées en Arizona. Ces études se concentrent sur la culture, l'histoire, la politique des "Chicanos", ces Latinos qui vivent aux Etats-Unis, surtout d'origine mexicaine. Mais l'équivalent du ministre de l'éducation local estime que ces cours sont racistes et promeuvent la haine des Etats-Unis. Il est vrai que des photos de Karl Marx, Che Guevara et le leader des droits civiques mexicain-américain César Chavez trônent dans l'une des classe de littérature de l'université de Tucson. Une vague gauchiste qui n'est pas pour plaire à l'un des Etats de l'Union les plus conservateurs à l'heure actuelle.


Dans le domaine de la santé, l'Arizona estime que la réforme de Barack Obama empiète sur les prérogatives des Etats et s'est engagé, aux côtés de 14 autres Etats, à porter l'affaire en justice. Côté IVG, l'Arizona se place parmi les endroits les plus conservateurs du pays, forçant les femmes qui souhaitent procéder à une IVG à écouter une description du foetus par un médecin, ce dernier doit aussi les informer des responsabilités financières du père de l'enfant, si elles décident de le garder. Les femmes doivent de surcroit patienter pendant une "période réflexive" de 24 heures avant d'être autorisées à procéder à une IVG.

Côté recherche médicale, l'Arizona est en passe de signer une loi qui empêche la création "d'hybrides animalo-humains" (sic). L'idée est d'interdire le clonage humain et la recherche embryonnaire. Les opposants à la loi pointent la tentative des conservateurs d'élever l'embryon au rang de personne humaine dès sa conception (alors qu'il reçoit cette qualité à six mois), remettant ainsi en question la légalité de l'IVG et le très célèbre jugement Roe vs. Wade. Les biologistes de l'Etat regrettent une loi rétrograde qui met des bâtons dans les roues de la recherche sur les cellules souche notamment.
Le meilleur pour la fin :

La "birther bill", ou "loi de naissance", requiert à tout candidat à la présidentielle de présenter un certificat de naissance afin de pouvoir présenter sa candidature en Arizona. Cette loi fait suite au très conservateur "birther movement" qui avait traversé les Etats-Unis au sujet de la véritable nationalité de Barack Obama. Plusieurs Etats, mettant en doute la citoyenneté américaine du président, ont essayé de passer une mesure similaire, seule l'Arizona l'a fait.

L'Arizona ne passe pas à l'heure d'été comme 49 des autres Etats américains. "Les Arizoniens aiment à dire en plaisantant que cette histoire d'heure d'été est une conspiration communiste", souligne Howard Fischer, un journaliste local sur NPR. "En réalité, il fait déjà tellement chaud ici que personne ne veut une heure supplémentaire de soleil!".

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