Aux Etats-Unis, la loi est claire : être l’auteur d’un crime grave revient à perdre son droit de vote. Aujourd’hui, environ 4 millions d’Américains sont privés du droit de vote car ils ont commis une felony, c’est-à-dire soit une agression grave, un vol, la possession ou le trafic de stupéfiants, un meurtre ou un viol. Cette loi, qui existe depuis près de deux siècles, est débattue à Washington.
Le Congrès américain évalue la possibilité d’abolir ce que beaucoup perçoivent comme un châtiment injuste et dépassé. En effet, ces quatre millions de personnes sont privées du droit de vote alors qu’elles ont déjà effectué leur peine. Plus troublant : elles impactent considérablement les Noirs américains puisque 13% de l’ensemble de cette population ne peut pas voter à cause de cette loi.
La suppression du droit de vote accordée aux anciens criminels date de l’après Guerre de Sécession. L’objectif était de limiter la capacité des esclaves noirs récemment libérés à voter. Avec 1 noir sur 8 privé du droit de vote aujourd’hui, les objectifs sont étrangement atteints, 150 ans plus tard.
“Interdire aux anciens criminels de voter alors qu’ils ont payé leur dû, c’est continuer à les considérer comme des criminels, à les tenir à l’écart d’une société à laquelle au contraire ils devraient se joindre”, expliquait le New York Times dans son éditorial du 22 mars dernier.
Faux! Répond Hans von Spakovsky, du think tank conservateur The Heritage Foundation : “la prison n’est pas la seule manière dont un criminel doit payer sa dette à la société pour avoir enfreint la loi et tué, blessé ou mis en danger ses compatriotes.”
Le débat est lancé mais pourrait prendre du temps. Les lois de suppression du droit de vote sont gérées par les Etats, et chaque Etat a sa politique en la matière. Les plus strictes en la matière sont les Etats du Deep South, alors que d’autres, comme ceux autour des Grands Lacs et du Nord-Est, redonnent le droit de vote aux criminels, une fois leur peine effectuée.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire