samedi, mai 30, 2009

Au Mexique, la vie a repris comme avant, les touristes en moins

Deux mois après l’apparition de la grippe H1N1, l’état de vigilance est largement retombé au Mexique. Les masques protecteurs que l’on pouvait voir à chaque coin de rue de la capitale se font maintenant rares, et une atmosphère de cynisme règne parmi la population au sujet de l’épidémie.

“Cette histoire de grippe, c’est une blague”, s’exclame Pedro*, conducteur de taxi que j'ai rencontré à Mexico. L’homme, la quarantaine passée, se plaint plutôt des heures et parfois des jours à attendre des clients, à l’aéroport international de Mexico City, devenu désert depuis début avril. “Je pense que le gouvernement a fomenté ça pour nous entourlouper”, continue le conducteur, qui dispose toutefois d’un masque, mais se garde bien de le porter. “Notre entreprise de taxi nous demande de garder ça avec nous, c’est obligatoire, mais je ne le porte pas”, explique-t-il, incrédule.

Ce sentiment de cynisme est partagé parmi la population. Si l’épidémie a tout de même fait 95 victimes au Mexique, les gens estiment que le battage médiatique autour de la grippe a largement été disproportionné. “Ils feraient mieux de s’occuper des vrais problèmes du Mexique, comme la corruption ou le trafic de drogue”, s’emporte Paz Lavin, une habitante de Tepoztlan, un village situé à une centaine de kilomètres au sud de la capitale. Ici, personne ne porte de masque et ne se sent personnellement concerné par le problème. “Je ne connais personne qui ait été touché de près ou de loin par la grippe”, continue cette professeur d’espagnol. Pour elle, la grippe est un moyen pour le gouvernement d’obtenir des crédits de la part d’organisations internationales.

Dans le métro de Mexico, en avril 2009, la population se protège de l'épidémie de grippe grâce à des masques médicaux.

Si chacun y va de sa théorie plus ou moins farfelue, la méfiance envers les autorités est réelle. En particulier au sein des couches populaires. Bob Schalkzijk vit, lui, dans le quartier aisé de Coyoacan à Mexico, et n’émet aucun doute sur la dangerosité de la grippe H1N1. Il applique les gestes simples énoncés par les agences sanitaires : éternuer dans son coude, éviter les contacts proches, mais de là à porter un masque… Ce septuagénaire se réjouit de la réouverture des restaurants de son quartier, fermés pour cause d’épidémie, mais s’abstient de prendre le métro - il préfère se déplacer en voiture.

Lourdes Almeida ne se donne même pas cette peine. Artiste-photographe célèbre au Mexique, ce petit bout de femme continue d’emprunter le métro, le seul véritable moyen de se déplacer dans cette ville de plus de 20 millions d’habitants. “La grippe tue chaque année des centaines de milliers de personnes dans le monde!”, souligne-t-elle en haussant les épaules, insistant sur le relatif faible décompte de personnes victimes du virus actuel : 110 décès dans le monde.

Deux mois après les premiers cas de grippe, la vie a repris son cours au Mexique, les touristes en moins. L’épidémie a complètement interrompu les flots d’étrangers en provenance d’Europe et des Etats-Unis qui viennent traditionnellement inonder les plages des côtes des Caraïbes et du Pacifique, en cette période chaude de l’année. Aux heures de pointe, le métro est bondé, et les températures dépassent facilement les 40 degrés dans les entrailles de la capitale. Au coeur de la marée humaine, on croise parfois une ou deux personnes portant un masque, masque rapidement descendu sur la gorge pour éviter l’étouffement.

*nom d’emprunt

mardi, mai 26, 2009

Les ados américains envoient 80 sms par jour

Les adolescents américains envoient en moyenne 2272 textos par mois, selon une étude Nielsen, conséquence des forfaits à "sms illimités" proposés par les opérateurs de téléphonie mobile aux Etats-Unis. Cette SMS-mania - qui correspond à l'envoi de 80 textos chaque jour - n'est pas sans conséquences, sur lesquelles se penchent déjà sociologues et universitaires. Citons par exemple l'anxiété, la distraction en classe, stress et problèmes d'insomnies.

Le sujet est en tête de liste des articles les plus envoyés sur le New York Times, car il étudie en profondeur l'impact d'un tel comportement sur le développement des adolescents.

mardi, mai 19, 2009

La Californie veut rendre l’eau du Pacifique potable

Boire de l’eau de mer désalinisée, cela va bientôt être possible en Californie. La ville de San Diego vient de donner son feu vert à la construction de ce qui deviendra la deuxième plus grande usine de désalinisation du monde, après celle des Emirats Arabes Unis.

D’ici 2011, date de sa mise en service, l’usine filtrera 378 millions de litres d’eau de mer par jour, pour en extraire environ 190 millions de litres d’eau potable. “Si le projet fonctionne bien, je m’attends à voir d’autres usines apparaître sur la côte”, s’est félicité l’un des supporter du projet travaillant au sein de l’institut indépendant “Pacific Institute”, Peter Gleick, dans le New York Times.

L'usine de désalinisation de Perth, en Australie.

L’usine, qui fonctionnera selon le système de l’osmose inverse, va être construire à Carlsbad, une ville côtière à mi-chemin entre Los Angeles et San Diego. Mais d’autres projets semblables sont en cours d’évaluation de San Francisco à Los Angeles, en passant par Santa Cruz. Depuis trois ans, la Californie est touchée par une sécheresse chronique qui met en péril les récoltes des agriculteurs et provoque des incendies redoutables, comme ceux récemment embrasé la colline de Santa Barbara. Los Angeles importe 87% de son eau potable par le biais d’aqueducs qui pompent l’eau depuis le nord et l’est de l’Etat, ce qui représentait 723 millions de litres en l’an 2000, selon le Los Angeles Department of Water and Power.

Si l’usine s’impose comme une évidence dans une région où les sources d’eau douce sont si rares, certains groupes environnementalistes s’opposent à l’usine. Ils invoquent la menace qu’elle pose à l’égard de la vie sous-marine, aspirée lors du pompage de millions de litres d’eau. Ils pointent également la pollution représentée par le concentrât, cette eau saumâtre extrêmement riche en sel rejetée par l’usine dans la mer.

Un post paru sur FranceUSAmedia

lundi, mai 11, 2009

Une vidéo crée la polémique dans les écoles américaines

Si on lui avait dit que son message aurait autant d’impact, elle ne l’aurait pas cru. Annie Leonard est une ancienne employée de Greenpeace auteure d’un mini-documentaire posté sur le web en décembre 2007. “The Story of stuff” (une vidéo dont j'ai parlé lors de sa sortie et dont la version française sous-titrée se trouve ici), est un docu animé qui explique en 20 minutes l’impact environnemental du mode de vie des Américains.

Le bouche-à-oreille sur Internet a marché à plein, le fameux “buzz” du web. Si bien que les instituteurs s’en servent aujourd’hui dans leurs salles de classe pour parler du phénomène du réchauffement climatique. “Franchement, peu de livres scolaires sont à la page sur l’environnement”, confie à la presse Bill Bigelow, rédacteur en chef d’un magazine à destination du corps enseignant. “Celui qui est utilisé dans l’Oregon par exemple n’a que trois paragraphes sur le réchauffement climatique. Donc, oui, les professeurs sont à la recherche de sources alternatives.”

Mais le mini-documentaire a aussi ses détracteurs. Annie Leonard, qui se décrit comme une “activiste qui n’accorde aucune excuse”, y dépeint également les relations incestueuses entre gouvernement et entreprises et l’impact -néfaste - du capitalisme dans le monde. “On commence par l’extraction, qui est un joli mot pour l’exploitation des ressources naturelles, autremen dit la destruction de la planète”, explique Annie Leonard, qui apparaît dans la vidéo sous forme incrustée. L’ancienne de chez Greenpeace dénonce aussi les sommes exhorbitantes allouées par son gouvernement au secteur de la défense.

Certains parents sont sceptiques face à ce film qu’ils considèrent sans nuance. L’un d’entre eux dans le Montana a dénoncé son caractère “anticapitaliste”, forçant l’école de Missoula à en discontinuer la projection en classe. Reste que le succès de “The Story of stuff” est réel : le documentaire a été visionné plus de six millions de fois sur son site, et encore davantage sur les sites de partage de vidéo en ligne comme YouTube. Plus de 7000 écoles, organisations religieuses ou autres ont commandé la version DVD du documentaire, et des centaines d’instituteurs ont fait savoir à Annie Leonard qu’ils demandaient à leurs étudiants de regarder le film sur le web.

Annie Leonard attribue le succès de sa vidéo à sa simplicité : “ce que je raconte dans le film n’a rien de nouveau, mais le format de l’animation la rend facile à regarder.” Sa brièveté est aussi un avantage : les étudiants peuvent visionner et débattre du film pendant un cours d’une heure, ce qui n’est par exemple pas le cas du documentaire d’Al Gore “Une vérité qui dérange”, qui dure une heure et demi, souligne un professeur.

En attendant, Annie Leonard a signé un contrat avec l’important éditeur d’ouvrages scolaires Simon & Schuster, afin d’écrire un livre accompagnant sa vidéo déjà célèbre partout dans le monde.