samedi, mars 31, 2007

L'évolution du journalisme en ligne

Du 30 au 31 mars avait lieu le Symposium on Online Journalism à Austin. Rentrée à Paris depuis quelques jours, je n'ai pu y assister que virtuellement, grâce à une retransmission en direct sur Internet.
Beaucoup de grosses pointures de l'industrie du journalisme en ligne mais aussi des universitaires se sont exprimées sur les pratiques, les transformations ou encore l'évolution du business model du journalisme en ligne.

Andrew DeVigal du New York Times.com, Jean-François Fogel du Monde.fr ou encore Ismael Nafria de ElPais.com étaient présents lors du panel sur les perspectives internationales en la matière.
Andrew DeVigal

"The print is facing a very difficult future", a déclaré JF Fogel en guise d'introduction. Fogel est un des responsable éditoriaux du grand quotidien français en ligne. Transférer le contenu en ligne est-elle la voie du salut?
Au début de cette année, lemonde.fr avait une audience mensuelle de 32 millions de visiteurs. Aujourd'hui, ce chiffre est monté à 36 millions.

De là à dire que les journaux vont disparaître, on en est loin. Tous les participants ont souligné que le web ne devait pas se poser en concurrent du papier, mais en complément, en "convergence".
Les sites en ligne, constatant leur audience augmenter voient les opportunités que cela ouvre en terme de profit. Même si le business model des sites marche encore à tâtons.

Jean-François Fogel

Le Monde a commencé à s'intéresser au Net dès 1995 (Le New York Times allait le faire un an plus tard). Après quelques essais peu concluants, Le Monde est aujourd'hui leader de l'info en ligne devant tous les quotidiens nationaux français en ligne.

Le web participatif et contributif était un des thèmes à l'honneur tout au long de la conférence, avec des problématiques telles que :
-quelle place laisser à l'expression des lecteurs?
-comment doit-on modérer leurs commentaires?
-doit-on les modérer?
-le journalisme citoyen et son rôle dans l'évolution du journalisme traditionnel.

Chaque jour, Le monde recense plus de 5000 contributions d'abonnés sur son site. Les contributions sont de qualités, souligne Fogel, car ce sont des gens qui s'identifient et ce sont des lecteurs du Monde. Je ne suis perso pas vraiment d'accord pour dire que tous les commentaires sur LeMonde soient vraiment "de qualité" (c'est à dire argumentées et compréhensibles).

Le business model du Monde.fr?
Le journal en ligne compte à l'heure actuelle près de 100 000 abonnés et de la publicité sur son site (parfois très intrusive).

Un des thèmes en vogue au sein des salles de rédaction américaines est la convergence. C'est l'idée selon laquelle à l'heure d'Internet, il ne devrait plus y avoir de distinction de plateforme: radio, télé, presse fusionnent aussi bien dans la présentation que dans la fabrication. "La convergence est un joli mot pour les salles de rédactions plus modestes. Nous ne pouvons pas appliquer cela au Monde. C'est une stratégie motivée par des choix financiers qui ne marche pas", a déclaré Fogel, devant une assemblée peu crédule.

Mais Fogel, avec un imparable accent français, avait préparé ses arguments:
-76% of the readers of le monde are ignoring the site and
-75% of the audience of the site is ignoring the newspaper

Conclusion: les deux médias n'ont pas la même audience (qui se différencie essentiellement en terme d'âge, mais pas seulement, j'ajouterai la dimension spatiale: si on est à l'étranger, quelque soit son âge, on lit Le Monde en ligne car il n'y a pas de version papier facilement accessible).
L'autre raison : "We can't create a new business model with the same people", en d'autres termes, la convergence ne marche pas en amont, dans la phase de production de l'info où les méthodes de travail changent (journalistes, graphistes, programmeurs travaillent ensemble). Et la façon de générer du profit est aussi différente en ligne et sur papier.

Dernière nouveauté annoncé par Le Monde: ils s'apprêtent à lancer dès cet été un autre site d'information afin de créer leur "propre concurrence" (j'aimerais bien avoir plus d'explication sur le site et la pratique de "créer sa propre concurrence). update sur ce sujet, il s'agirait d'un site web collaboratif. D'après Benoit Raphael, journaliste multimedia à Grenoble sur son blog benoit-raphael.blogspot.com/

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Je pense qu'on ira de plus en plus vers la démocratisation de l'info. Des projets de site d'infos collaboratives voient le jour et le journaliste me semble t-il aura désormais un rôle de secrétaire de rédaction.
Pour info, le premier site d'informations participatives sur les régions de France, notreinfo.fr sort le 5 avril prochain.

Anonyme a dit…

bonsoir cécile,

Merci pour ce post fort intéressant, j'ai découvert qu'autant de lecteurs du monde papier ignoraient la version web. Cela me surprend assez à vrai dire.

Michaël.