jeudi, mars 19, 2009

Le rédacteur en chef de Wired décortique l'économie de la gratuité

Mardi 17 mars, dans le cadre du du dernier jour de la conférence South by Southwest (Austin, Texas), Chris Anderson présentait son dernier ouvrage Free qui devrait sortir aux Etats-Unis le 6 juillet prochain. Le rédacteur en chef du magazine américain Wired a présenté devant une foule plutôt sceptique son nouveau concept de la gratuité à l'heure de l'Internet et du numérique.

“Il n’y a jamais eu un marché plus concurrentiel que l’internet, et chaque jour le coût marginal de l’information devient plus proche de zéro”, a expliqué Chris Anderson, qui soutient qu'avec l’internet, une nouvelle gratuité s’est développée. Elle est fondée sur des coûts de reproduction quasi-nuls du fait de la numérisation, et sous l'importance de l’offre qui tire encore plus les prix vers le bas.

Chris Anderson, le rédacteur en chef de Wired, mardi 17 mars à Austin.

La gratuité serait inexorable à tel point que “les entreprises devront un jour ou l'autre donner la majorité de leurs produits” car la distribution gratuite est une nouvelle forme d’économie. Les produits et services autour de nous deviennent chaque jour moins coûteuses, notamment à cause de la pression de la Chine. L'auteur dédie un chapitre sur le sujet dans son livre.

Plusieurs modèles économiques de la gratuité

Mais le concept de la gratuité est encore plus flagrant sur Internet. De la musique, aux jeux en ligne en passant par les logiciels, tout est gratuit sur le Web. Alors que la bande passante et la capacité de stockage ne cesse de croître, le prix pour ces services, lui, baisse.

Comment s'en sortir dans un monde où tout est gratuit? "J'étais sidéré de voir qu'il n'existait pas de modèle économique de la gratuité", s'est exclamé Chris Anderson. Dans son livre, il passe en revue les différentes options pour "monétiser la gratuité".

Caricature réalisée live pendant la discussion entre Chris Anderson et Guy Kawasaki

Au-delà du modèle publicitaire, il existe le modèle "freemium" qui consiste en une version gratuite grand public couplée à une version payante, plus chère et plus évoluée pour un marché de niche. FlickR propose par exemple de passer d'un modèle d"updgrade" à une version pro payante.

Autre modèle économique, celui des “subventions croisées”. Il s'agit d’offrir gratuitement un produit pour vous inciter à en acheter un autre, comme quand on vous donne un téléphone en échange d’un abonnement.

Le coup marginal nul est la définition même de la gratuité, lorsqu'on télécharge par exemple de la musique gratuitement. Et enfin, il y a l'économie du don, que l'on voit fleurir sur Wikipédia, qui prouve que l'argent n'est pas la seule motivation.

Comment s'en sortir dans un monde où tout est gratuit?

L'argument principal de Chris Anderson est que les individus doivent trouver un moyen de monétiser leur célébrité. "Si vous ne rendez pas votre produit gratuit, le piratage le fera pour vous", a-t-il déclaré mardi, "il faut trouver un moyen d'utiliser le piratage comme une forme de marketing."

Le journaliste a illustré son propos avec le cas de l'industrie musicale : certes, les labels rencontrent des problèmes, mais les artistes célèbres peuvent monétiser leur popularité, grâce à des apparitions dans des spots publicitaires, au cinéma ou dans l'organisation de concerts comme cela se passe en Chine, d'après Chris Anderson.

"Les modèles économiques qui marchent le mieux sont ceux des jeux en ligne : Club Penguin, Neopets, Second Life et d'autres jeux de rôle comme Maple Story." Ces entreprises ne proposent qu'une infime partie de leurs jeux sous accès payant : "Si 5% paient, c'est la limite critique pour la rentabilité d'un produit", selon Chris Anderson, "au-delà de ce chiffre, c'est du pur bénéfice".

Si le prix de son nouveau livre n'est pas encore fixé, Chris Anderson a promis à la salle comble du festival South by Southwest de l'offrir gratuitement, "non pas en version papier mais en version numérique". Le tout est d'atteindre ces 5% qui voudront payer pour acheter le livre physique...

© Photos et texte Cécile Grégoriades, publié sur VNUnet.fr

1 commentaire:

choucrouteman a dit…

Bonjour,
voilà bien le sujet qui me passione le plus en ce moment... Depuis longtemps et pour longtemps... Il eut suffit que chaque spectateur de mes films (et pas que ceux de la choucroute) sur internet me donnent dix centimes d'euros pour que je puisse continuer à en faire d'autre...
Je ne suis pas convaincu par la démonstration de ce chris anderson mais plutot par celle de matt mason en francais lire : http://www.ecrans.fr/Le-dilemme-du-pirate-le-probleme,2993.html et en anglais http://thepiratesdilemma.com
Cela dit je constate toutjours que ce que je trouve qui me plait sur le web (à commencer par ces petits reportages sur votre site) est gratuit et que de toute façon si ils ne l'était pas je n'y aurais pas accès vu la petitesse de mes revenus... C'est le dilemne du pirate... J'aiemrais bien pouvoir dix centimes à chacun mais ou est le bouton ?
Voilà... bravo pour votre travail !